⚽ Violence raciste : Les hooligans du Club Bruges ont ciblé des habitants d’origine arabe à Molenbeek-Saint-Jean et Jette.
🔢 Bilan chiffré : 63 arrestations ont eu lieu et 80 personnes ont été blessées, dont quatre policiers.
🏟️ Contexte sportif : Les affrontements se sont déroulés avant le match de Coupe de Belgique entre Club Bruges KV et RSC Anderlecht.
🛑 Appel à la répression : Les autorités exigent des mesures fermes pour endiguer l’extrémisme au sein des supporters.
🤳 Indignation numérique : Les vidéos des agressions ont été massivement partagées, déclenchant une onde de choc sur les réseaux sociaux.
Contexte et escalade
Les incidents des 4 et 5 mai 2025 à Bruxelles s’inscrivent dans un climat européen tendu, où le regain des idéologies d’extrême droite trouve un terreau fertile dans les stades. 63 membres des North Fanatics 13 ont été interpellés, après avoir cassé des vitrines et agressé 80 personnes, dont quatre policiers. Ces chiffres illustrent la mécanique implacable d’un groupe structuré capable de transformer un quartier paisible en zone de guerre urbaine. Un souvenir tenace d’une flânerie dans les ruelles colorées de Molenbeek évoque désormais un paysage dévasté, où la vitalité des marchés a laissé place aux débris de verres et de slogans haineux.
L’avant-match de la Coupe de Belgique a été le catalyseur, transformant le périphérique en couloir de la haine. Des vidéos montrent des cagoulés brisant des boutiques de téléphonie et lançant des insultes à caractère racial, ravivant la mémoire des pogroms imaginés par Albert Camus dans La Peste. Le parallèle historique est glaçant : quand la fiction dénonce déjà la lâcheté collective, la réalité s’en empare pour exposer nos failles.
Réactions sociétales et politiques
Les municipalités de Molenbeek-Saint-Jean et de Jette ont qualifié ces actes de violences « anti-arabe ». Le procureur de Bruxelles a insisté sur la dimension raciste, ouvrant la voie à des poursuites aggravées. Sur le plan politique, la ministre de l’Intérieur a réclamé un durcissement des sanctions contre les ultras et la création d’un fichier des supporters à risque, évoquant des propositions déjà entendues en Angleterre après les émeutes de 2011.
Les associations locales, à l’image de Mémoire et Racines, ont organisé dès le lendemain des marches silencieuses. Des milliers de citoyens, jeunes et anciens, ont convergé vers la grand-place, brandissant des pancartes où l’on pouvait lire « Bruxelles solidaire » ou « Stop au racisme sportif ». Cette mobilisation rappelle les grandes heures du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) dans les années 80, prouvant que la rue reste un instrument de pression redoutable.
Analyses et enjeux éthiques
Sur le plan sociologique, ces violences s’inscrivent dans la projection d’un fantasme de pureté identitaire. Les hooligans du Club Bruges, connus pour leurs chants antisémites et homophobes, exploitent la fibre raciale pour se légitimer au sein d’une frange radicalisée. Les quartiers multiculturels deviennent le miroir d’une société divisée, où l’économie locale pâtit d’une double fracture : d’abord celle du commerce, puis celle de la confiance brisée entre voisins.
Les retombées économiques sont immédiates : les commerçants de Molenbeek ont estimé à plus de 200 000 euros le coût des réparations. Au-delà du préjudice matériel, c’est la sensation d’insécurité qui mine le lien social. La comparaison s’impose avec les émeutes de Tottenham en 2011, où l’absence de prévention a coûté des millions aux communes et ravivé des haines tenaces.
Voix des quartiers
Un habitant retraité se rappelle avoir accueilli naguère les supporters avec ferveur, offrant un café chaud à ceux venus encourager Anderlecht. Aujourd’hui, ce même café porte les stigmates de la haine, et sa vitrine brisée symbolise la fracture sociale. Des témoignages d’adolescents de Jette parlent d’une peur nouvelle, d’une ville qui cesse d’être un terrain de jeu pour devenir un champ de ruines.
Le réseau associatif propose des ateliers de médiation pour réconcilier les jeunes des cités avec le monde du sport. Certains y voient une lueur d’espoir, évoquant les stages de rugby intégrés dans les zones sensibles, qui ont fait leurs preuves en France. Mais l’idée reste stopper net la radicalisation, non panser les plaies après le carnage.
Un appel vif aux instances sportives retentit : le système actuel encourage le spectacle, mais néglige la prévention. Les ultras ne doivent pas être relégués à de simples fauteurs de troubles, mais considérés comme un enjeu de sécurité publique. Le silence des clubs face aux dérives idéologiques est une complicité coupable.
Ce constat résume la situation : un match de football qui tourne au massacre de la coexistence, et un État qui hésite entre répression et prévention. La jeunesse ne doit pas porter le poids de ces violences, conduit à choisir entre la peur et la colère. Il est temps de faire du sport un vecteur de solidarité, et non un catalyseur de fractures raciales. Une mobilisation citoyenne forte et une responsabilité accrue des clubs restent les seules clés pour briser le cercle vicieux de la haine et restaurer la confiance dans les stades et les quartiers.