Emma

Emma

Journaliste

27 Mai 2025 à 08:05

Temps de lecture : 2 minutes
Derrière le volant, la France en mode “presque sage”

Les Faits

🚦 Incivilités en baisse : moins d'automobilistes français déclarent des comportements dangereux ou irrespectueux en 2025.
😤 Agressivité persistante : les insultes, queues de poisson et klaxons n'ont pas disparu, signe que la route reste un théâtre d'ego.
📉 Usage du téléphone : l'utilisation du smartphone au volant diminue, mais reste encore largement pratiquée par une frange téméraire.
🛑 Respect du code : le respect des limitations de vitesse et des distances de sécurité progresse timidement, loin du tableau idéal.
🚗 Prise de conscience : la majorité reconnaît l’importance de la sécurité routière, mais l’application concrète de ces principes laisse à désirer.

L’Opinion

Silence radio sur la jungle urbaine ?

Les chiffres affichent une embellie : les comportements dangereux seraient en recul, comme si la France avait soudainement chaussé des gants blancs pour conduire. Pourtant, dans le grand film de la mobilité, le smartphone continue de jouer les seconds rôles indésirables. On croise encore ces têtes baissées, absorbées dans l’écran, qui confondent autoroute et réseau social.
Impossible de ne pas repenser à cette scène culte d’“Un jour sans fin” où Bill Murray, coincé dans sa boucle, fait les mêmes erreurs encore et encore. Ici aussi, la répétition des mauvais gestes, même moins fréquente, persiste. Moins d’incivilités, mais toujours ce fond sonore d’impatience, de coups de klaxon, d’insultes jetées par la fenêtre comme des confettis de colère.

Entre utopie et réalité : le grand écart français

Le respect des règles s’améliore… sur le papier. La vraie vie, celle des ronds-points aux heures de pointe, ne connaît pas les promesses chiffrées. L’arrogance ordinaire n’a pas disparu : le fameux “ça passe, ça passe” résonne encore sur les lignes blanches, tandis que certains prennent la route comme un terrain de rugby, fonçant dans la mêlée.
On aimerait croire que la France est devenue un modèle de civilité, façon “Le Cercle des poètes disparus”, mais l’évidence crève les yeux : changer de comportement derrière le volant, c’est réapprendre à vivre ensemble. L’auto n’est pas seulement un moyen de transport ; elle révèle nos penchants les plus bruts, nos failles et nos moments d’héroïsme discret.

Quand la prise de conscience reste un voeu pieux

L’envie de mieux faire existe, c’est certain. À force d’affiches chocs et de campagnes façon Blockbuster, la sécurité routière s’installe dans les esprits comme un refrain. Mais il suffit d’un détour sur le périphérique pour voir l’écart entre l’intention et le réel. La tolérance zéro reste un slogan pour la majorité, qui préfère l’indulgence quand il s’agit de ses propres écarts.
L’histoire est ancienne : depuis les premières Citroën sur les routes, la France joue à saute-mouton avec la discipline. Les anecdotes pullulent, entre le cousin champion du monde du “feu grillé” et la grand-mère qui transforme chaque rond-point en épisode de Mario Kart. À la croisée des chemins, un constat s’impose : la route reste un miroir grossissant de notre société, capable du meilleur comme du pire.

L’espoir n’est pas un clignotant oublié

Si une lueur existe, c’est dans l’idée que tout n’est pas perdu. Comme un refrain de Stromae qui tourne en boucle dans l’habitacle, la sécurité routière mérite un peu plus qu’une promesse. Les mentalités bougent, certes, mais l’impatience, la pression sociale, la routine forment un cocktail dont il est difficile de se défaire.
L’audace consisterait à transformer le respect du code en réflexe et non en contrainte, à faire de la route un espace de partage plutôt qu’un ring. Pas question d’attendre que tout le monde devienne exemplaire. Mais rien n’interdit de rêver d’un pays où klaxonner ne serait qu’un salut amical, où chaque feu rouge serait une invitation à la patience, où le plaisir de rouler ne rimerait plus avec danger.