Le choc de juin 2023 : une ville en ébullition
Juin 2023, Romainville s’embrase. Feux de poubelles, commerces dévastés, crèche incendiée. Le décès de Nahel a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, révélant des tensions latentes entre la police et les jeunes des quartiers. En réponse, la mairie demande aux associations locales de jouer les pompiers sociaux. Et c’est ainsi que Daouda Gory, président de l’association Ajir, entre en scène.
Daouda Gory : un héros des temps modernes
Imaginez un homme, la trentaine, prenant les rênes pour transformer une situation explosive en un dialogue constructif. C’est ce que fait Daouda en créant des ateliers mensuels dès juillet 2023. L’objectif ? Offrir aux jeunes un espace pour exprimer leurs ressentiments et leurs espoirs vis-à-vis de la police. Vendredi 14 juin, une vingtaine de jeunes de 17 à 23 ans se sont retrouvés pour débattre de leurs représentations des forces de l’ordre. Encadrés par une médiatrice sociale et une conseillère en insertion, ils plongent dans un échange sincère, parfois houleux, mais toujours nécessaire.
Déconstruire la haine : un travail de longue haleine
« Appelle-les. Si ça ne vient pas de toi, ils ne vont jamais débarquer ! » Avec cette phrase, Daouda Gory amorce l’atelier. L’idée est claire : susciter la nuance, faire émerger des dialogues francs. Les jeunes sont divisés en groupes pour argumenter sur la nécessité des contrôles policiers versus leur caractère discriminatoire. Le débat est animé. Les expériences personnelles fusent, les postures se brisent, laissant place à des témoignages poignants.
Akibou, 18 ans, partage une anecdote où un policier de la BRAV-M, souvent perçu comme oppressif, s’est montré humain. Ce genre de partage met en lumière une réalité complexe : tous les policiers ne sont pas des oppresseurs, et tous les jeunes ne sont pas des délinquants. Il s’agit ici de reconnaître l’humanité de chacun, malgré les préjugés et les injustices.
Perspectives d’avenir : bâtir des ponts, pas des murs
Les jeunes de Romainville ne veulent pas seulement critiquer ; ils cherchent des solutions. Daouda les pousse à imaginer des initiatives pour améliorer les relations avec la police. L’idée d’un tournoi de football avec les forces de l’ordre ou des jeux de rôle où les jeunes porteraient l’uniforme pour une journée est évoquée. Ces activités, bien que symboliques, pourraient briser la glace et humaniser les interactions.
Inès, 22 ans, résume parfaitement l’impact des associations de quartier : elles canalisent les tensions et offrent un sentiment de sécurité que la police ne peut pas toujours garantir. Les repas partagés, les fêtes et l’entraide scolaire sont autant de moments qui cimentent une communauté solidaire et résiliente.
Une jeunesse en quête de justice et de reconnaissance
Pour ces jeunes, Daouda incarne l’espoir et la possibilité d’un avenir meilleur. Leurs voix sont importantes, leurs expériences valides. Ce sont des jeunes qui, malgré les souffrances et les injustices, veulent croire en un futur où le dialogue et la compréhension remplacent la violence et la haine.
Romainville, une ville marquée par la tragédie, montre la voie. En choisissant la voie du dialogue et de l’engagement communautaire, elle offre un modèle d’espoir pour d’autres quartiers en proie aux mêmes défis. Ce n’est pas une solution miracle, mais c’est un pas en avant. Un pas vers une société plus juste, plus empathique et plus humaine.
