Emma

Emma

Journaliste

5 Juin 2025 à 09:06

Temps de lecture : 2 minutes
Quand les rêves d’ENS se brisent (puis se recollent) en direct

Les Faits

🏫 Erreur administrative : une erreur dans la publication des listes d’admissibilité au concours d’entrée des ENS a provoqué une onde de choc.
🎓 Stress des candidats : des étudiants se sont retrouvés, en quelques heures, disqualifiés puis repêchés, bouleversant leurs projets et leur confiance.
📢 Manque de communication : les responsables ont tardé à s’exprimer et à rassurer les candidats, alimentant l’angoisse générale.
🕰️ Impact sur la préparation : les recalés injustement se retrouvent avec un retard à rattraper, surtout dans une épreuve aussi sélective.
⚖️ Crise de légitimité : l’incident soulève des questions sur la transparence et la fiabilité des grandes institutions françaises.

L’Opinion

Chronique d’une bourde annoncée

Ce genre d’erreur, à l’heure des algorithmes omnipotents, ressemble à un sketch mal écrit, où l’absurde côtoie l’indécence. L’ENS, fleuron de l’excellence intellectuelle à la française, se prend les pieds dans son propre tapis rouge et rate sa partition avec un fracas digne d’une mauvaise comédie de Sacha Guitry. Il ne s’agit pas seulement d’une liste d’admissibles égarée, mais d’une cascade de conséquences : des jours de stress, de préparation perdue, et la sensation de servir de figurant dans une farce bureaucratique. Impossible de ne pas songer à Kafka, maître des labyrinthes administratifs, où chaque couloir débouche sur une nouvelle absurdité.

La méritocratie fissurée et l’ascenseur en panne

L’affaire aurait pu n’être qu’un simple bug. Mais elle touche un point névralgique : l’idéal républicain du mérite. L’ENS, vaisseau amiral des espoirs d’ascension sociale, se montre friable, vulnérable à l’erreur humaine. Les repêchés, douchés par la nouvelle, se sentent désormais en décalage : il leur faut « rattraper le retard », courir après un train qu’ils n’ont pas entendu partir. Ce malaise, loin d’être un détail, illustre le soupçon qui plane sur l’égalité des chances. Comment croire à la neutralité du système, quand le moindre faux pas administratif peut tout faire basculer ? C’est la gifle froide du réel qui rappelle la loterie de la vie scolaire : certains gagnent à la naissance, d’autres doivent sauter les barrières… parfois les yeux bandés.

Génération désabusée, colère allumée

Derrière la tempête médiatique, c’est toute une génération qui grince des dents. Une génération dont l’avenir se joue souvent sur un clic, une ligne de code, une note de trop. Les témoignages d’étudiants sonnent comme des répliques de film social : fatigue, colère, mais aussi détermination à ne pas se laisser faire. Cette énergie brute, ce refus d’accepter l’injustice, rappellent les combats d’hier – de la Commune aux manifs étudiantes des années 80. Mais la désillusion, elle, a le goût amer de la solitude numérique : personne ne viendra réparer le temps perdu.

Les écoles, le miroir de nos paradoxes

L’ENS sortira sans doute indemne de la tempête, habituée à voguer au-dessus des flots. Mais ce fiasco restera une tache sur la robe blanche de la méritocratie française. Au fond, cette histoire raconte la tension permanente entre le rêve d’égalité et la réalité d’un système où la moindre faute technique peut briser des ambitions. Comme dans un tableau de Delacroix, on aimerait voir la Liberté guider le peuple… mais, trop souvent, elle reste coincée dans la paperasse.

Une telle mésaventure appelle à refuser la fatalité. Si l’erreur est humaine, l’exigence d’équité doit l’être aussi. La génération qui se dresse face à ces dysfonctionnements n’a pas fini de faire entendre sa voix : aucune institution, fût-elle prestigieuse, ne devrait s’autoriser le luxe de l’amateurisme quand il s’agit d’avenir.