Emma

Emma

Journaliste

25 Juin 2024 à 08:06

Temps de lecture : 3 minutes
Adhésion de l’Ukraine à l’UE : défis, espoirs et résistances

Les Faits

🇪🇺 Lancement des négociations d'adhésion à l'UE : Ce mardi, l'Ukraine et la Moldavie entament officiellement des négociations pour devenir membres de l'Union européenne, un processus qui débute à Luxembourg.
🛑 Opposition de la Hongrie : Le Premier ministre hongrois Viktor Orban freine le processus d'adhésion de l'Ukraine, jugeant ce pays non prêt et bloquant également l'aide militaire européenne à Kiev.
🇫🇷 Soutien de la France : Emmanuel Macron a réaffirmé la détermination de la France à soutenir l'Ukraine "dans la durée", malgré les inquiétudes suscitées par la montée de l'extrême droite en France.
🕒 Début des négociations : Les discussions formelles avec l'Ukraine commencent à 15h30 ce mardi, suivies par celles avec la Moldavie, avec une première étape de "screening" de la législation nationale.
🛡️ Attaques de drones et tensions en Russie : La nuit dernière, l'armée russe affirme avoir détruit 30 drones ukrainiens, et une femme russe a été tuée lors d'une attaque de drones dans la région de Belgorod.

L’Opinion

Le Grand Départ vers l’Europe

C’est aujourd’hui que tout commence. L’Ukraine et la Moldavie se lancent officiellement dans l’arène de l’Union Européenne avec l’ouverture des négociations d’adhésion à Luxembourg. Un rêve européen qui prend forme. Mais à quel prix ? Et avec quels obstacles sur la route ? Il s’agit d’un parcours semé d’embûches, de manœuvres politiques, et de prises de position qui feront date.

Les rêves de Bruxelles et de Kiev se rencontrent, mais ce n’est pas un conte de fées. La Russie de Vladimir Poutine, dans sa perpétuelle quête de domination régionale, voit d’un très mauvais œil ce rapprochement. La bataille sera longue et difficile, avec des pressions à tous les niveaux. En somme, c’est une histoire de résistance, de volonté et de stratégie géopolitique.

Le Boulet Hongrois

Alors que Kiev et Chisinau préparent leur entrée en scène, un acteur clé joue les trouble-fêtes : Viktor Orban. Le Premier ministre hongrois, fidèle à sa réputation de provocateur, freine des quatre fers. Pourquoi? Parce qu’il estime que l’Ukraine n’est pas prête, point final. Hongrie, membre le plus proche de la Russie, devient ainsi un pion dans le jeu de Poutine, bloquant non seulement les négociations, mais aussi toute aide militaire européenne à l’Ukraine.

Cette opposition n’est pas juste une question de préparation, c’est une prise de position stratégique. La Hongrie utilise son poids pour tirer les ficelles, rappelant à l’UE que chaque décision doit être unanime. Orban, en fin politicien, sait qu’il peut faire pression et obtenir des concessions. Le timing n’est pas anodin non plus, avec la Hongrie prenant la présidence semestrielle du Conseil de l’UE le 1er juillet. Qui aurait cru que ce petit pays pourrait jouer un rôle si disproportionné dans les affaires européennes?

Macron, le Chevalier Blanc

Pendant ce temps, Emmanuel Macron, l’éternel optimiste européen, réaffirme son soutien indéfectible à l’Ukraine. « Notre soutien à l’Ukraine demeure et demeurera constant, » déclare-t-il avec une assurance que seuls les grands leaders peuvent se permettre. La France, dans toute sa splendeur gaullienne, se positionne comme le pilier de la résistance européenne face aux agressions russes.

Pour Macron, ce n’est pas seulement une question de soutien militaire, c’est une question de valeurs. Dans une époque où l’extrême droite gagne du terrain en France, cette prise de position est aussi une déclaration politique interne. En soutenant Kiev, Macron envoie un message clair : la France ne cédera pas face aux dérives populistes et nationalistes.

Une Marche Longue et Périlleuse

L’UE et ses nouveaux prétendants entament une danse complexe appelée « screening ». Ce processus, qui dure normalement entre un et deux ans, sera accéléré pour l’Ukraine et la Moldavie. C’est comme essayer de plonger dans une mer glaciale et de s’y habituer rapidement. Les législations de ces pays seront passées au crible pour s’assurer qu’elles sont compatibles avec les normes européennes. Une tâche titanesque qui pourrait cependant être facilitée par le fait que, selon des diplomates, l’UE a déjà une idée claire de la situation actuelle.

Et pourtant, malgré cette avancée rapide, l’ouverture des différents chapitres de négociation pourrait prendre des mois, voire des années. Les chefs d’État européens, en décembre dernier, avaient ouvert la voie à ces négociations, mais la Hongrie continuait de jouer les empêcheurs de tourner en rond. La Commission européenne, quant à elle, a exigé de Kiev des mesures drastiques contre la corruption et les oligarques, ainsi qu’une meilleure prise en compte des minorités, notamment hongroises.

C’est un symbole fort : en juin 2022, l’Ukraine a obtenu le statut de candidat à l’adhésion, peu après le début de la guerre. Ce geste, hautement symbolique, montre le soutien de l’UE face à l’agression russe, mais il ne faut pas se leurrer. L’adhésion de l’Ukraine, un pays de plus de 40 millions d’habitants, représente un défi colossal, tant sur le plan financier qu’administratif.

En somme, cette nouvelle étape est plus qu’un simple processus administratif, c’est une lutte pour l’avenir de l’Europe. L’Ukraine et la Moldavie ne cherchent pas seulement à entrer dans l’UE, elles aspirent à un futur meilleur, à la stabilité et à la prospérité. L’UE, de son côté, doit montrer qu’elle est capable de s’adapter, de se réformer et de rester fidèle à ses valeurs fondatrices. La route sera longue, semée d’embûches, mais c’est dans ces moments-là que l’Europe montre sa vraie force.

Comme disait Victor Hugo, « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. » Et aujourd’hui, l’Ukraine lutte non seulement pour sa survie, mais pour son droit de faire partie de la grande famille européenne.