Emma

Emma

Journaliste

10 Juin 2025 à 10:06

Temps de lecture : 2 minutes
Soumission chimique, ce fléau invisible qui bouleverse une génération

Les Faits

🏥 CRAFS, unique organisme : le seul centre en France dédié à l’accompagnement des victimes de soumission chimique, créé en 2024.
📞 Service téléphonique spécialisé : pharmacologues-toxicologues disponibles en semaine pour écouter et conseiller les victimes.
🚀 Plateforme innovante : articles, guides pratiques, agent intelligent et communauté d’entraide pour mieux informer et soutenir.
📊 Profil des victimes : plus de 80 % sont des femmes, jeunes en majorité, avec une forte concentration en Île-de-France.
📝 Recommandations officielles : un rapport parlementaire de mai 2025 propose 50 mesures pour améliorer l’accompagnement et la formation.

L’Opinion

Le poison qui parle peu mais tue les esprits

Le phénomène de soumission chimique, longtemps relégué aux marges, devient aujourd’hui une réalité trop fréquente pour être ignorée. Cette « drogue du viol » — que ce soit le GHB, la MDMA ou d’autres substances — neutralise la volonté et efface les souvenirs. Les victimes, souvent des femmes jeunes, se réveillent dans un brouillard d’incertitudes, où la vérité est étouffée par le silence et l’incompréhension. La complexité du phénomène rappelle les intrigues tordues d’un film noir d’Hitchcock, où le coupable est invisible et la victime seule face à l’injustice. La société est à la croisée des chemins : banaliser ou combattre ce fléau.

L’organisme unique en première ligne

Le Centre de Référence sur les Agressions Facilitée par les Substances (CRAFS), créé en 2024, incarne une lueur d’espoir. Pourtant, ce phare dans la nuit navigue sans boussole budgétaire. Le CRAFS offre un service rare : des pharmacologues-toxicologues disponibles au téléphone pour guider les victimes à travers la jungle médicale et judiciaire. Mais, faute de financements publics suffisants, l’organisme doit multiplier les appels aux dons, un comble quand la société réclame une meilleure prise en charge. C’est un peu comme si un hôpital d’urgence fonctionnait avec les moyens d’un dispensaire de campagne.

Accompagner pour ne pas laisser tomber

Chaque témoignage reçu par le CRAFS révèle l’importance cruciale d’un accompagnement expert et humain. Des guides pratiques et une plateforme en ligne constituent la colonne vertébrale d’une aide qui dépasse le simple conseil. Cette approche digitale innovante, comprenant un agent intelligent et une communauté d’entraide, rappelle les stratégies des grandes startups tech qui savent mêler technologie et empathie. Ce modèle est non seulement nécessaire, il est urgent : il transforme le parcours chaotique de la victime en chemin vers la reconstruction.

Le tournant nécessaire pour une prise de conscience collective

Avec plus de 2 000 cas suspectés en 2022 contre moins de 800 l’année précédente, la soumission chimique s’impose comme une crise de santé publique. Le rapport parlementaire du 12 mai 2025, qui formule 50 mesures, est une tentative salutaire de réponse globale, incluant formation, prévention et moyens renforcés. Pourtant, la question financière reste un talon d’Achille. Comme dans les grandes révolutions sociales, ce sont la volonté politique et la mobilisation citoyenne qui pourront faire basculer les lignes. Refuser d’agir, c’est laisser grandir un mal qui ronge la liberté et la dignité.

Dans cette époque où le silence est trop souvent complice, il devient impératif de briser la loi du silence et d’investir dans les soutiens. Soutenir le CRAFS, c’est investir dans la justice, dans la protection des libertés individuelles et dans l’espoir de voir se lever, enfin, un jour nouveau sur les victimes. Car ne rien faire, c’est choisir la nuit.