Emma

Emma

Journaliste

9 Mai 2025 à 08:05

Temps de lecture : 2 minutes
L’Europe se rebelle face au couperet anti‑science américain aujourd’hui

L’Opinion

🌍 Censure américaine : la nouvelle administration bannit certains termes scientifiques et réduit drastiquement l’accès aux données.

🚫 Licenciement symbolique : l’éviction de Katherine Calvin du GIEC incarne la mise sous tutelle de la recherche.

🛡 Appel européen : quatorze grandes écoles exhortent l’UE à protéger la liberté académique et financer l’innovation.

💶 Investissement massif : 600 millions d’euros sont alloués pour attirer les chercheurs menacés et renforcer l’écosystème scientifique européen.

Urgence d’agir : sans défense énergique de la science aujourd’hui, l’Europe compromet son indépendance technologique et sociétale de demain.


Quand la science vacille

Les États‑Unis, jadis phares de la recherche mondiale, effacent désormais certains termes – « climat », « femme » – des bases de données fédérales. Symbole parmi les symboles : Katherine Calvin, coprésidente du GIEC, licenciée et empêchée de se rendre à Hangzhou pour la 62ᵉ session de l’organisation . Pareille scène rappelle les heures sombres où Galilée dut murmurer son “E pur si muove”.
Derrière la rhétorique « America First » émerge un maccarthysme climatique : coupes budgétaires, interdiction de coopérations ouvertes, menaces sur les visas. Pendant ce temps, les incendies géants redessinent la Californie, comme si la nature se chargeait d’une critique éditoriale en flammes.

Europe au pied du mur

À Paris, sous les voûtes de la Sorbonne, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen dégainent un chèque de 500 millions d’euros – plus 100 millions français – pour attirer les cerveaux chassés d’outre‑Atlantique. Quatorze grandes écoles d’ingénieurs et de management dressent le même bouclier : investir dans la formation, sanctuariser la liberté académique, créer des écosystèmes capables d’accueillir les talents bâillonnés.
L’affaire n’est pas qu’humaniste ; elle est géostratégique. Dans la mêlée que forment cybersécurité, IA et transition énergétique, chaque doctorat fuyant la censure renforce le camp qui l’abrite. Refuser ce rôle équivaudrait à confier à Netflix la réalisation d’Apocalypse Now : on sait d’avance que la version courte manquerait de consistance.

Le souffle de la rébellion intellectuelle

Dans la salle d’un hackathon marseillais, une étudiante brandit une tablette où trône le visage pixelisé de Katherine Johnson : l’icône cachée de la NASA rappelle que la science progresse quand elle brise les plafonds, pas quand on les repeint en couleur chair.
Semblable à Banksy surgissant la nuit pour graffer un mur trop propre, la pensée critique troue les tentures de la censure. Parce que supprimer un mot n’enterre pas la réalité qu’il désigne, l’inventivité redouble : bases de données décentralisées, journaux à comité ouvert, réseaux de chercheurs clandestins évoquant les samizdats soviétiques. Effacement rime alors avec flamboyance, comme si le manuscrit de Mary Shelley redevenait l’étincelle d’un nouveau Prométhée.

Mobiliser la génération Z

La génération qui a grandi avec Don’t Look Up sur Netflix n’attend pas qu’un doyen lui tende la main. Qu’elle s’empare déjà des FabLabs, du low‑tech, des coopératives open‑source. Qu’elle inonde TikTok d’explications mordantes et fasse de l’humour une arme de résistance – la sagesse de Chaplin n’a jamais si bien vieilli.
Chaque tweet factuel vaut mille tribunes : partager un jeu de données sur la qualité de l’air parisien ou dévoiler en story les revirements de la NASA, c’est brandir l’avenir comme un drapeau pirate. Renoncer à la paresse émotionnelle, préférer la curiosité : voilà la clef. Car si l’Europe n’embrasse pas cette énergie, d’autres l’achèteront, et l’on se réveillera dans un décor cyberpunk rédigé par ceux qui confondent dystopie et plan de carrière.

Le dernier mot appartient à celles et ceux qui refusent la fatalité. Multiplier laboratoires libres, protéger les idées comme on protège les forêts, refuser qu’un algorithme politique décide quels mots respirent : tel est le serment à graver dès aujourd’hui, avant que l’encre ne manque.