Un fleuve pas si tranquille
Imaginez, dans quelques jours, des athlètes du monde entier se jetant dans les eaux de la Seine pour les épreuves de natation des Jeux Olympiques et Paralympiques. Une image digne d’un rêve parisien, mais qui vire rapidement au cauchemar lorsqu’on découvre les résultats alarmants d’une étude de l’ONG Surfrider Foundation. Sur 14 tests de qualité de l’eau réalisés, un seul s’est avéré satisfaisant. Oui, un seul. Le reste montre des niveaux inquiétants de polluants, principalement des bactéries d’origine fécale. Bienvenue dans la réalité crue de la pollution urbaine, où notre fleuve iconique devient une menace invisible mais bien réelle pour la santé des sportifs.
Les polluants en embuscade
Escherichia coli et entérocoques, des noms qui sonnent comme des ennemis invisibles dans une dystopie. Ces bactéries, indicatrices d’une pollution fécale, sont présentes dans la Seine à des concentrations bien au-delà des seuils législatifs. En clair, l’eau dans laquelle nos athlètes s’apprêtent à nager est loin d’être propre. On parle ici de risques sanitaires majeurs : gastro-entérites, dermatites, infections ORL, et même la leptospirose, cette « maladie du rat » que l’on contracte par contact avec de l’eau contaminée par l’urine de rongeurs. Alors, nager dans la Seine ? Cela ressemble plus à une épreuve de survie qu’à une compétition sportive.
Des promesses excessivement ambitieuses
La Ville de Paris a déboursé près de 1,4 milliard d’euros pour dépolluer la Seine. Les élus défendent « un plan ambitieux pour améliorer la qualité de l’eau » au bénéfice de tous. L’objectif était de rendre l’eau baignable pour tous à partir de 2025.
Paris, ville lumière, pourrait-elle devenir aussi la ville de l’illusion écologique ? Les collectivités locales et l’Agence de l’eau tentent de sauver la Seine avec quatre mesures : améliorer le traitement des eaux usées, mieux gérer les pluies, brancher les bateaux au tout-à-l’égout, et réparer les canalisations de plusieurs dizaine de milliers de foyers. Ambitieux ? Oui. Réaliste ? Pas vraiment.
L’eau va couler sous les ponts
Les Jeux Olympiques sont censés être une célébration de l’excellence humaine, de l’esprit sportif et de l’unité mondiale. Permettre aux athlètes de nager dans une eau dangereusement polluée trahit ces valeurs. Il est temps pour Paris de prouver qu’elle peut être à la hauteur de ses ambitions écologiques et sportives. Que la Seine redevienne un symbole de beauté et de pureté, non pas un fleuve de dangers cachés. Le monde regarde, Paris. Ne décevons pas.