IA, Tech

Emma

Emma

Journaliste

4 Juil 2024 à 14:07

Temps de lecture : 3 minutes
L’intelligence artificielle : Une révolution coûteuse pour l’environnement

Les Faits

🌍 Augmentation des émissions de CO2 : Les émissions de CO2 de Google et Microsoft ont augmenté de plus de 40 % ces dernières années, principalement en raison de la construction de nouveaux data centers nécessaires pour l'IA.
🔋 Data centers énergivores : Les data centers, indispensables pour le fonctionnement des IA comme ChatGPT, consomment énormément d'énergie, contribuant significativement aux émissions de gaz à effet de serre.
📈 Emissions de "scope 2" et "scope 3" : L'augmentation des émissions est attribuée à la production d'électricité pour les data centers (scope 2) et à la chaîne de production, incluant la construction de bâtiments et la fabrication de composants électroniques (scope 3).
🤖 Course à l'IA : Google et Microsoft intensifient leurs efforts pour intégrer l'IA générative dans leurs services, ce qui complique la réduction des émissions malgré leurs engagements environnementaux.
🕵️ Transparence et quantification des émissions : Les autres entreprises de la tech, comme Apple, Amazon et Meta, sont moins transparentes sur leurs émissions de CO2, rendant difficile l'évaluation globale de l'impact environnemental de l'IA.

L’Opinion

Les géants de la tech sous le feu des projecteurs

Les promesses étaient grandes, presque héroïques : devenir neutres en carbone d’ici 2030, ralentir le changement climatique et montrer l’exemple. Google et Microsoft, ces titans de la technologie, nous ont assuré de leurs efforts pour un avenir plus vert. Pourtant, les chiffres récents racontent une toute autre histoire. Les émissions de CO2 de Google et Microsoft ont explosé, augmentant de plus de 40 % ces dernières années. Alors, pourquoi cette contradiction flagrante entre promesses et réalité ?

Les data centers : des monstres énergivores

Pour comprendre cette hausse des émissions, il faut regarder de plus près les data centers, ces énormes entrepôts de serveurs qui stockent et traitent des quantités gigantesques de données. En 2023, les activités de Google ont généré environ 17,16 millions de tonnes d’équivalent CO2, en grande partie à cause de la consommation d’électricité de ces data centers. Ces centres sont le cœur battant de l’intelligence artificielle (IA), nécessaires pour entraîner et faire fonctionner des modèles comme ChatGPT, capables d’analyser et de générer des millions de textes et d’images.

Mais l’IA n’est pas une technologie magique sans coût. L’entraînement et l’exécution de ces modèles consomment une quantité colossale d’énergie. On se retrouve dans un paradoxe absurde : les mêmes technologies censées nous aider à résoudre des problèmes environnementaux aggravent ces problèmes par leur propre fonctionnement énergivore.

L’effet boule de neige de l’IA

Microsoft n’échappe pas à ce dilemme. En partenariat avec OpenAI, l’entreprise a intégré des IA dans la plupart de ses services, contribuant ainsi à une augmentation de ses émissions de CO2. Le rapport d’impact environnemental de Microsoft de 2023 révèle une hausse de 40 % de ses émissions par rapport à 2020. Le président de Microsoft, Brad Smith, admet que cet objectif de neutralité carbone d’ici 2030 a été fixé avant « l’explosion de l’intelligence artificielle ».

On pourrait croire que l’innovation apporte toujours des solutions, mais dans ce cas précis, elle semble apporter autant de problèmes. Les efforts pour rendre les data centers plus efficaces et recourir à des énergies renouvelables sont louables, mais suffisent-ils face à une demande énergétique en constante augmentation ?

Une transparence à géométrie variable

Qu’en est-il des autres géants de la tech ? Apple clame que ses émissions de CO2 ont diminué ces dernières années, mais reste en retrait dans le domaine de l’IA par rapport à Google et Microsoft. Amazon et Meta, de leur côté, sont étrangement silencieux, n’ayant pas publié de données sur leurs émissions depuis 2022. La difficulté de quantifier précisément les émissions et le manque de transparence soulèvent des questions.

Et ne parlons même pas des centaines de start-ups qui se lancent dans l’IA, sans la même pression de rendre des comptes. Cette explosion des applications d’IA générative ajoute encore plus d’incertitude sur l’impact environnemental global de cette révolution technologique.

Entre promesses et réalités

Les géants de la tech se trouvent donc à un carrefour crucial. Leurs engagements environnementaux sont remis en cause par les exigences énergétiques croissantes de l’intelligence artificielle. Ils doivent trouver un équilibre entre innovation et durabilité. Leurs efforts pour optimiser les data centers et recourir aux énergies renouvelables sont des pas dans la bonne direction, mais le chemin reste long et semé d’embûches.

L’IA a le potentiel de transformer le monde, de résoudre des problèmes complexes, de rendre nos vies plus faciles et plus connectées. Mais cette transformation ne doit pas se faire au détriment de notre planète. Les entreprises de la tech ont une responsabilité énorme. Elles doivent non seulement innover, mais aussi s’assurer que cette innovation est durable, sinon les générations futures en paieront le prix fort. Le défi est immense, mais la réponse doit être à la hauteur des enjeux. Les promesses ne suffisent plus ; il est temps de voir des actions concrètes et significatives.