Emma

Emma

Journaliste

9 Mai 2025 à 08:05

Temps de lecture : 3 minutes
Quand IA chamboule massivement nos bancs scolaires urbains

L’Opinion

📢 Dédié à l’IA : L’UNESCO a désigné la Journée internationale de l’éducation 2025 autour de l’intelligence artificielle.
🎓 Usage généralisé : Plus de deux tiers des lycéens des pays riches se servent déjà d’outils d’IA générative pour leurs devoirs.
📋 Encadrement minimal : Seules 10 % des écoles et universités disposent de directives officielles sur l’utilisation de l’IA.
🌐 Inégalités criantes : Un établissement primaire sur quatre reste sans électricité et 60 % n’ont pas accès à Internet.
⚖️ Biais algorithmiques : Les algorithmes d’IA risquent de renforcer les discriminations et l’injustice scolaire.


« Quand le tableau noir rencontre l’algorithme, s’ouvre un terrain miné d’espoirs et de dérapages ».

Impact sur le système éducatif

L’arrivée fracassante de l’IA dans les classes ressemble à une scène de Blade Runner : des robots-profs en moins, des algorithmes partout. Dans les pays à revenu élevé, plus de 66 % des lycéens utilisent ChatGPT ou ses cousins pour rédiger essais et dissertations, et près de la moitié des enseignants l’emploie pour bâtir ses cours. Ce changement, rapide comme un flash, bouleverse les méthodes traditionnelles de transmission du savoir. Une anecdote d’un lycée bordelais évoque un cours d’Histoire du Moyen Âge où l’IA a fourni, en quelques secondes, une chronologie plus détaillée que la bibliothèque municipale. Cette prouesse technologique excite la curiosité, mais fragilise également l’esprit critique si la vérification humaine n’est pas systématique.

Éthique et dilemmes sociaux

L’ombre d’Orwell plane sur les laboratoires d’apprentissage automatique : qui contrôle les données partagées ? Comment éviter que les algorithmes ne reproduisent les préjugés hérités du passé ? Plusieurs études ont mis en évidence des biais de genre ou de couleur de peau dans les recommandations d’IA pédagogique. Refuser cette réalité reviendrait à fermer les yeux sur une fracture numérique déjà profonde. Les directives publiées par l’UNESCO, suggérant une limite d’âge de 13 ans et des chartes éthiques, sonnent comme un premier garde-fou. Néanmoins, exiger des chartes sans former les enseignants à déceler les biais est un leurre : c’est comme offrir un sabre laser sans entraînement.

Disparités invisibles

Tandis que les écoliers de Tokyo ou de Berlin codent leurs devoirs avec une tablette dernier cri, un enfant d’Afrique subsaharienne scolaire sur quatre n’a toujours pas d’électricité à la maison, et six sur dix n’ont jamais surfé sur le Web. Comment parler d’« innovation » quand l’infrastructure de base fait cruellement défaut ? L’IA, si elle n’est pas accompagnée d’une politique d’accès universel, ne fera que consolider les privilèges des plus connectés. C’est un paradoxe rappelant la Révolution industrielle : les machines promettaient prospérité, mais creusaient aussi les écarts sociaux. Sans plan global pour fournir électricité et réseaux, l’IA restera un privilège d’élite.

Vers un avenir technologique responsable

Il est impératif de transformer l’enthousiasme pour l’IA en un projet d’éducation inclusif. D’abord, accroître de manière drastique le nombre d’établissements dotés de chartes claires : passer de 10 % à 80 % en cinq ans n’est pas un voeu pieux mais une nécessité. Ensuite, instaurer des formations continues pour enseignants, inspirées du modèle Montessori fusionné à l’analyse de données : un mariage de sensibilité pédagogique et de rigueur algorithmique. Enfin, canaliser les financements non pour remplacer les infrastructures déjà existantes, mais pour les renforcer : chaque dollar investi dans l’IA doit s’ajouter aux budgets scolaires traditionnels.

Au-delà des annonces, l’UNESCO doit devenir un catalyseur d’actions concrètes : une conférence annuelle dédiée à l’évaluation des chartes d’éthique, un observatoire des biais algorithmiques, et un fonds mondial pour électrifier et connecter les écoles isolées. Car la technologie, sans justice sociale, n’est qu’une chimère. L’heure est venue de tracer un nouveau sentier : celui d’une éducation augmentée par l’IA, mais guidée par la solidarité, l’équité et la vigilance citoyenne.