Emma

Emma

Journaliste

28 Avr 2025 à 08:04

Temps de lecture : 2 minutes
Trump réinvente les salles de classe

Les Faits

🏛️ Trump signe un décret imposant l’enseignement systématique de l’IA de la primaire au lycée pour maintenir la suprématie américaine.
👥 Une Task Force fédérale multi-ministérielle pilote la réforme et réoriente les financements vers la formation des enseignants.
🐉 La Chine rend déjà l’IA obligatoire à Beijing, huit heures par an, accentuant la rivalité éducative et géopolitique.
🎓 Le texte crée des parcours d’apprentissage et des stages rémunérés liés à l’IA pour alimenter les filières industrielles.
🏆 Un « Presidential AI Challenge » veut transformer les élèves en innovateurs star, façon X-Factor du code.

L’Opinion

Un pari sur l’avenir

Le 23 avril 2025, Donald Trump signe le décret « Advancing Artificial Intelligence Education for American Youth », engrangeant avec le sourire les applaudissements d’un aéropage de ministres et de lobbyistes. Le texte ordonne la création d’une Task Force fédérale, rassemblant les secrétaires à l’Agriculture, au Travail, à l’Énergie et, bien sûr, à l’Éducation, épaulés par le directeur de la National Science Foundation et un conseiller spécial IA-cryptomonnaies.
Objectif officiel : faire de l’IA une langue maternelle dès le primaire, sous la houlette d’enseignants formés à marche forcée et de programmes d’apprentissage enregistrés façon « code bootcamp ». Une ligne budgétaire prioritaire est ouverte, et un « Presidential AI Challenge » promet de transformer chaque hackathon de lycée en Super Bowl numérique. Les partisans exultent : l’Amérique, telle Rocky sur les marches de Philadelphie, refuse de laisser le ring aux rivaux chinois.

La rivalité sino-américaine au tableau

Car Pékin a dégainé le premier. Dès la rentrée, huit heures d’IA par an deviennent obligatoires pour tous les écoliers de la capitale chinoise, sur fond d’essor de modèles maison comme DeepSeek qui font trembler Wall Street. Sous la bannière rouge, la machine éducative s’aligne pour « nourrir l’esprit de Xi-GPT » ; côté américain, impossible de regarder passivement la cour de récré se transformer en champ de bataille algorithmique.
Le décret trumpien sonne donc comme une riposte culturelle : Silicon Valley hérite des clés du bus scolaire pendant que les géants de l’armement sourient, imaginant déjà des recrues qui coderont des drones avec la désinvolture d’un solo de Billie Eilish. Entre Washington et Pékin, l’IA devient le nouveau Sputnik : qui maîtrise le clavier maîtrise la planète.

Le revers de la médaille numérique

Derrière l’euphorie, plusieurs ombres s’allongent. Les enseignants voient arriver des tablettes dernier cri, mais sans la formation ni les salaires pour suivre le rythme. Le décret ordonne bien un grand chantier de développement professionnel, reste à savoir qui paiera le supplément d’âme.
Plus corrosif encore : l’impact énergétique. Une salle de classe sous Alexa n’est pas neutre en kilowatt-heure ; la Maison-Blanche d’hier le reconnaissait elle-même en musclant l’infrastructure électrique pour les data centers IA. Former toute une génération à générer des modèles n-gramme risque de transformer chaque court d’école en annexe de centrale. Des voix, d’Al Gore à Greta, rappellent que la promesse d’avenir ne vaut rien si la planète fond comme un vinyl au soleil.
Enfin, la fracture numérique menace : sans fibre ni devices, certains districts ruraux resteront au bord de la route, reléguant les plus vulnérables à jouer le rôle de figurants dans cette épopée high-tech.

Et après ?

Que faire alors ? Réinventer le pacte éducatif. L’IA doit être un compagnon critique, pas un oracle infaillible. Que les salles de classe s’ouvrent aux algorithmes, oui ; mais que les élèves lisent encore Toni Morrison, déchiffrent Nina Simone, méditent Camus, apprennent que la poésie reste l’anti-bug ultime. Car une démocratie digne de ce nom ne programme pas ses citoyens : elle les invite à hacker le réel avec lucidité.
Les dés sont lancés : rester spectateur ou saisir la manette ? La génération Alpha mérite mieux qu’un duel de superpuissances ; elle exige le droit de coder son propre scénario. Entre lignes de code et engagement civique, tout l’enjeu est là — et il commence aujourd’hui, dans la salle de classe du coin.