Starliner, la capsule spatiale de Boeing, doit décoller depuis Cap Canaveral en Floride pour son premier vol habité vers l’ISS, après des années de retard et de développement chaotique. C’est la tentative ultime pour cette capsule, qui doit prouver qu’elle peut rivaliser avec le Crew Dragon de SpaceX, devenu le standard du taxi spatial.
SpaceX contre Boeing : le duel galactique
Tout commence en 2011 lorsque la NASA lance le Crew Commercial Program, mettant en concurrence Boeing et SpaceX. L’idée est d’avoir des alternatives viables aux Soyouz russes et réduire les coûts, en ouvrant le marché des taxis spatiaux au secteur privé. Le contrat est attribué aux deux compagnies en 2014. Boeing, une valeur sûre dans l’industrie, pense que Starliner fera rapidement de l’ombre au Crew Dragon. Mais la réalité frappe vite : SpaceX domine rapidement avec ses vols habités tandis que Starliner enchaîne les erreurs de calcul et les retards.
En 2020, Crew Dragon effectue son premier vol habité et transporte même Thomas Pesquet vers l’ISS en 2021. Pendant ce temps, Boeing bataille avec des problèmes de propulsion et des missions écourtées. Ce n’est qu’en mai 2022 que Starliner atteint enfin l’ISS, mais sans équipage à bord.
Starliner, toujours pertinent ?
Starliner n’a pas abandonné sa mission, car l’ISS demeure sa principale destination. Barry Wilmore, qui pilotera la capsule pour cette mission historique, rappelle que Boeing reste une « priorité pour la NASA » afin de multiplier les options pour accéder à la Station spatiale internationale.
Cependant, la fin prévue de l’ISS en 2030 soulève la question de la pertinence du projet. Des stations orbitales commerciales comme Orbital Reef (un projet de Blue Origin et Sierra Space) ou Axiom lorgnent sur cette capsule pour leurs propres missions. Mais pour l’instant, rien n’est sûr. Les compagnies surveillent de près ce premier vol habité avant de prendre une décision.
Le défi de Boeing : l’avenir de Starliner
Paul Wohrer, spécialiste des questions spatiales, estime que le véritable défi pour Boeing réside dans sa capacité à vendre Starliner à d’autres clients. Les pertes du contrat dépassent un milliard de dollars, et le changement de lanceur par United Launch Alliance (de l’Atlas V au Vulcan) n’aide pas. Certes, Boeing affirme que Starliner est adaptable, mais le timing est critique.
Pour une capsule qui doit rivaliser avec Crew Dragon, Starliner joue sa dernière carte. Boeing a pris le risque d’un vol habité pour montrer sa fiabilité, et ce décollage doit être parfait. Si ce lancement n’est pas un succès, Starliner pourrait bien devenir un symbole d’échec cuisant dans l’histoire du transport spatial commercial.
La question demeure : un dernier taxi pour l’ISS ou un aller simple vers l’oubli ?