Un Cri d’Alerte National
Les pharmacies françaises ont décidé de faire entendre leur voix, et ce n’est pas une simple demande polie. Le jeudi 30 mai, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appellent à une grève massive, transformant les devantures d’officines en barricades silencieuses. Pourquoi cette montée en puissance? C’est simple : les pharmaciens en ont assez. Ils exigent une revalorisation financière, protestent contre les pénuries de médicaments et s’insurgent contre les rumeurs de dérégulation du réseau officinal. Des motifs qui résonnent fort, surtout quand on sait que certains départements, comme l’Aude et la Mayenne, seront totalement paralysés avec une mobilisation à 100%.
La Colère des Blouses Blanches : Entre Chiffres et Réalité
Quand on parle de 14% d’inflation depuis 2019, il ne s’agit pas d’un simple chiffre anodin. Pour les pharmacies, ce pourcentage représente une véritable hémorragie économique. La fermeture de 2 000 officines en dix ans, dont 300 rien que l’an dernier, n’est pas une statistique, c’est un cri d’alarme. Derrière chaque pharmacie qui ferme, ce sont des services de proximité qui disparaissent, des patients qui se retrouvent démunis. Et ne parlons même pas des ruptures de médicaments qui mettent en péril des vies.
Mais ce qui me révolte le plus, c’est cette idée persistante que les pharmacies seraient sur-réglementées et que leur dérégulation pourrait être une solution. C’est oublier que ces réglementations sont souvent ce qui garantit notre sécurité sanitaire. Imaginez un instant un monde où n’importe qui pourrait vendre des médicaments en ligne sans contrôle. Effrayant, non ?
La Réaction Gouvernementale : Entre Surdité et Promesses
Le ministère de la Santé, dans un élan de déni assez classique, a jugé que cette grève « n’avait pas lieu d’être ». Une déclaration qui sonne faux face à la réalité du terrain. Certes, une nouvelle négociation pour revaloriser la rémunération des pharmaciens est en cours depuis décembre 2023, mais combien de temps encore les pharmaciens devront-ils attendre pour voir des résultats concrets ? La somme allouée à la profession est passée de 6 milliards avant la pandémie à 8 milliards en 2020, puis réduite à 7,3 milliards en 2023. Une fluctuation qui, soyons honnêtes, ne suit pas l’inflation et les besoins croissants du secteur.
Ce que le gouvernement ne semble pas comprendre, c’est que cette grève dépasse largement les simples questions financières. C’est une lutte pour la survie d’un système de santé de proximité, une bataille pour maintenir un service essentiel, particulièrement dans les zones rurales où les pharmacies sont souvent les derniers bastions de la santé publique.
Une Révolte Justifiée et Nécessaire
J’ai grandi dans une petite ville où la pharmacie était le cœur battant de la communauté. Je me souviens des conseils avisés du pharmacien, de la chaleur humaine que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Aujourd’hui, ces souvenirs me semblent menacés par une politique aveugle et sourde aux réalités locales.
La mobilisation des pharmaciens n’est pas un caprice, c’est un appel à l’aide. Et il est grand temps que le gouvernement écoute et agisse en conséquence. Nos pharmacies sont bien plus que des points de vente de médicaments, elles sont des piliers de nos communautés. Si nous les laissons tomber, c’est notre système de santé tout entier qui vacillera.
Alors, la prochaine fois que vous passerez devant une pharmacie fermée en signe de grève, ne voyez pas cela comme une simple gêne passagère. Voyez-le comme un acte de résistance, une lutte pour la survie de notre service public de santé. Les pharmaciens sont en première ligne, et leur combat mérite notre soutien le plus total. C’est une question de santé, de justice et d’avenir.
