Un tournant pour Stellantis
La nomination d’Antonio Filosa à la tête de Stellantis sonne comme un coup de tonnerre dans l’industrie automobile. Ce choix, approuvé en conseil d’administration ce 28 mai, rappelle l’audace des grandes manœuvres à la Machiavel, où le pouvoir se négocie autant qu’il se conquiert. Filosa, jusque-là patron des opérations pour les Amériques et récemment promu à la qualité globale, hérite d’une entreprise face à la transition énergétique, aux enjeux de l’électrification et à la concurrence féroce de Tesla ou BYD. Si l’on évoque Orwell pour décrire l’impérieuse nécessité de transparence, ce passage de témoin illustre surtout la dialectique entre tradition industrielle et innovation radicale. Un souvenir personnel revient, lors d’une visite nocturne à l’usine de Sochaux : l’écho des presses hydrauliques, pulsant comme un cœur mécanique, évoquait déjà le besoin d’un nouveau souffle.
Reprise délicate du chantier de l’a69
Le dossier de l’A69, cet anneau autoroutier Toulouse-Castres imaginé depuis trois décennies, renaît de ses cendres grâce à la cour administrative d’appel de Toulouse. Après l’arrêt surprise de février dernier, l’État a obtenu un sursis à exécution, autorisant la remise en route des travaux. Pour Cassandra et ses oracles, rien ne serait inéluctable ; mais ici, c’est la justice qui tranche, oscillant entre impératif d’intérêt public et dérives écologiques. Se dessine alors un tableau digne d’Hitchcock : une route linéaire traversant forêts et terres agricoles, où chaque pelletée de terre convoque le spectre de Bambi. L’anecdote d’un riverain évoquant le chant des hiboux interrompu par le fracas des bulldozers rappelle que le progrès a toujours un prix.
Une croissance timide et trompe-l’œil
Avec un PIB en hausse de 0,1 % au premier trimestre, la France esquisse un sourire hésitant. Derrière ce léger rebond se cache un paradoxe : la consommation des ménages recule de 0,2 % tandis que seuls les stocks tirent la locomotive. Tel un funambule sur son fil, l’économie reste en équilibre précaire, sans élan véritable. La demande intérieure hors stocks et le commerce extérieur pèsent négativement, illustrant la faiblesse structurelle de l’appareil productif hexagonal. Rabelais aurait sans doute apprécié l’ironie de ce festin inachevé, où l’on gorge les cales mais s’épuise en chemin.
Entre perspectives financières et marchés à l’arrêt
Vendredi, S&P fera tautologie : revoir ou confirmer la note souveraine de la France. Avec une perspective déjà négative depuis février, aucune promesse gouvernementale, même teintée de l’éloquence bayrouiste, ne semble inverser la tendance. Dans cette pièce de théâtre où la TVA sociale se profile comme un ultime acte, la tension budgétaire s’installe. En parallèle, les Bourses européennes jouent la carte de l’attentisme, avec une ouverture quasi-plates, pendantes des résultats de Nvidia et du risque de guerre commerciale. Wall Street, observatrice distante, scrute chaque chiffre comme un critique de cinéma son scénario.
Vers un engagement collectif
Le carrefour entre décisions industrielles, batailles juridiques, frémissements économiques et suspens financier exige plus que des postures : un engagement citoyen lucide. Lorsque la route avance malgré la forêt qu’elle broie, ou que les usines se réinventent sous des auspices verts, l’enjeu est celui de la cohérence entre paroles et actes. Dans ce théâtre contemporain, il appartient à chacun de prendre position, à la fois spectateur et acteur, pour que l’histoire ne soit pas un simple récit, mais le moteur d’une France résolument tournée vers l’avenir.