Emma

Emma

Journaliste

29 Juil 2025 à 09:07

Temps de lecture : 2 minutes
Réforme des impôts des retraités : quand l’équité devient injustice

Les Faits

📉 1,4 million de retraités pénalisés par la suppression de l’abattement de 10 %.
💰 Une minorité de gagnants (moins de 1 %) bénéficiant réellement du nouveau forfait de 2 000 €.
🎲 L'incertitude autour de l’impact de cette réforme sur les prestations sociales reste entière.
⚖️ Réforme officiellement équitable mais réellement défavorable aux classes moyennes retraitées.
📢 Vives réactions politiques à venir, notamment de la droite et de la gauche.

L’Opinion

Solidarité ou nouvelle arnaque fiscale ?

François Bayrou l’a clamé haut et fort : chacun doit contribuer au redressement des comptes publics. Derrière ce discours bien rodé de justice sociale, se cache une réforme qui pourrait bien ressembler à une manœuvre politique plus subtile que la dernière saison de House of Cards. Exit l’abattement de 10 % sur les pensions, bienvenue à l’abattement forfaitaire de 2 000 euros par retraité. L’idée semble séduisante en théorie, surtout quand Amélie de Montchalin parle d’une « solidarité » des plus aisés vers les plus modestes. Mais la réalité est bien plus nuancée : 1,4 million de retraités, soit un sur douze, se retrouveraient dans le rôle ingrat de perdants nets.

Alors que l’ancienne mesure permettait aux pensions les plus élevées de bénéficier mécaniquement d’une plus grande réduction, le nouvel abattement pénalise directement les revenus moyens. Derrière la belle façade de solidarité, il y a clairement une volonté de serrer les boulons sur les classes moyennes pour combler les trous des finances publiques.

Qui sont les vrais gagnants de cette réforme ?

Si l’on en croit les calculs précis et froids de l’Institut des Politiques Publiques (IPP), les gagnants de cette réforme ne représentent même pas 1 % des retraités. À peine 100 000 individus, autant dire une poignée dérisoire comparée aux victimes fiscales de cette mesure.

On pourrait alors se demander si ce n’est pas là une façon cynique de faire passer une mesure d’austérité déguisée. Ceux qui en sortiront avantagés existent, certes, mais ressemblent davantage à des figurants dans une comédie dramatique dont l’acteur principal serait un État en panne d’idées.

La grande inconnue des prestations sociales

Mais le vrai suspense réside dans un détail crucial : comment le gouvernement va-t-il traiter les prestations sociales dans cette réforme ? Aujourd’hui, les pensions minorées par l’abattement influencent directement l’accès aux aides comme l’APL ou l’allocation de solidarité aux personnes âgées. Si Bercy joue pleinement la carte du forfait, un scénario redistributif pourrait émerger, avec 1,5 million de gagnants bénéficiant de prestations accrues.

Pourtant, la réalité est rarement aussi généreuse : avec une économie attendue autour d’un milliard d’euros, il paraît improbable que l’État sacrifie une telle manne fiscale sur l’autel de la justice sociale. Le silence actuel de Bercy face aux sollicitations médiatiques semble plutôt révéler une gêne, voire un embarras.

Entre austérité déguisée et colère sociale

Face à une telle réforme, on imagine aisément la colère monter chez les retraités, déjà éprouvés par le gel des pensions. La droite crie au scandale fiscal, la gauche à la trahison sociale. Mais au-delà des querelles politiciennes, c’est surtout le quotidien de milliers de retraités qui risque d’être directement impacté. Sous couvert d’équité fiscale, le gouvernement ne fait-il pas que creuser davantage le fossé de l’injustice sociale ?

La rentrée risque d’être chaude pour le gouvernement. François Bayrou devra justifier une mesure qui ressemble moins à un coup de génie fiscal qu’à un pari politique risqué. Au final, cette réforme pourrait bien être la goutte d’eau qui fera déborder le vase d’une société française déjà passablement irritée.

Emma