Un record qui fait grincer les dents
Avec plus de 285 milliards d’euros empruntés en 2023, la France s’impose comme le plus grand emprunteur en Europe. Pour certains, cela témoigne de la confiance des investisseurs envers l’Hexagone. Mais cette dette, massive et croissante, représente aussi un fardeau colossal. On pourrait comparer la France à un marathonien qui carbure aux crédits à court terme, sans se soucier des crampes qui menacent au prochain virage.
En termes bruts, cela peut paraître impressionnant : une économie capable de lever des fonds sans sourciller sur les marchés financiers ! Pourtant, derrière cet enthousiasme se cache une mécanique bien plus inquiétante. La dette publique française frôle désormais les 3 000 milliards d’euros, soit 112 % du PIB. Un chiffre qui résonne comme une alarme dans les couloirs feutrés des institutions économiques internationales.
L’économie française : un colosse aux pieds d’argile ?
Si la France peut emprunter autant, c’est aussi grâce à la solidité perçue de son système. Mais cette perception repose sur une série de paris risqués. Les taux d’intérêt, historiquement bas pendant des années, remontent en flèche. Désormais, chaque emprunt coûte plus cher, et le refinancement de la dette devient une course contre la montre. On dirait un film d’action où le héros, déjà surendetté, se retrouve avec une bombe à retardement dans les mains.
Historiquement, ce type de spirale n’a jamais mené à des fins heureuses. L’exemple de la Grèce au début des années 2010 reste dans toutes les mémoires. Bien sûr, la France n’en est pas là, mais jouer avec le feu de l’endettement revient à marcher sur un fil au-dessus d’un gouffre. Quand viendra la prochaine crise économique, le filet pourrait bien être trop usé pour retenir la chute.
Dette et politique : un cocktail explosif
Ce record européen est aussi un miroir des choix politiques. Depuis des décennies, les gouvernements successifs ont préféré l’endettement à une gestion rigoureuse. Qui aurait envie de réduire drastiquement les dépenses publiques quand cela signifie perdre les faveurs de l’électorat ? Mais à force d’arroser les problèmes à coups de milliards, le sol devient boueux, et avancer devient un exercice périlleux.
Les annonces récentes de nouvelles dépenses pour soutenir la transition énergétique ou améliorer les infrastructures sont-elles nécessaires ? Absolument. Mais les financer par de nouveaux emprunts revient à creuser encore plus profondément une tombe financière. Pire encore, ce modèle économique repose sur l’idée que la croissance sera toujours au rendez-vous pour absorber la dette. Une vision qui frôle l’optimisme naïf, pour ne pas dire suicidaire.
L’urgence d’un changement de cap
Si ce titre de « champion d’Europe de la dette » devait être inscrit sur une médaille, ce serait sur une plaque de plomb, bien lourde à porter pour les générations futures. La France doit impérativement repenser sa gestion financière. Réduire la dette tout en maintenant un niveau de services publics élevé est un exercice d’équilibriste, mais pas impossible. D’autres pays européens, moins endettés, montrent que discipline et créativité budgétaires peuvent aller de pair.
Cette situation demande du courage politique, celui de dire non à l’endettement systématique et oui à une réforme en profondeur. Si rien ne change, la médaille pourrait bien se transformer en fardeau insoutenable, emportant avec elle la stabilité économique et sociale du pays. Et dans ce cas, le titre de champion de la dette deviendra une humiliation dont il sera difficile de se relever.