Un État en dérive : rien de nouveau sous le soleil
Ce qui est particulièrement frappant, c’est l’incapacité chronique de nos dirigeants à freiner l’hémorragie. En 2003, la dette atteignait le seuil des 1000 milliards d’euros. Dix ans plus tard, on passait à 2000 milliards, et maintenant, 2023 marque l’explosion à 3000 milliards. Ce crescendo n’est pas le fruit d’une gestion improvisée d’un an ou deux, mais le reflet d’une politique économique vouée à l’échec. Le gouvernement Barnier, fraîchement nommé, hérite d’un chantier où la seule option semble être de tailler dans les dépenses publiques. Ils promettent une stratégie de rigueur, une épée de Damoclès au-dessus des finances de l’État. Mais soyons honnêtes : les coupes, cela fait des années qu’on en parle, et cela ne résout rien.
Et là, pour ajouter au festin, voilà qu’on évoque une possible hausse de la fiscalité sur les grandes entreprises et les plus riches. Il ne manquerait plus que cela ! Comme si taxer davantage allait miraculeusement reboucher les trous d’un système qui, de toute façon, est sur le point d’exploser. On se noie dans l’austérité pour finalement regarder les chiffres s’aggraver. Le déficit, qui devait être contenu à 5,1% du PIB, va finalement déraper au-delà des 6%. 6%, un écart qui n’est plus acceptable, même aux yeux d’une Europe qui, jusqu’ici, tolérait beaucoup.
La France : mauvais élève ou victime du système ?
Il est temps d’arrêter de jouer les victimes. La France n’est pas un cas isolé, mais elle a su, mieux que quiconque, maîtriser l’art de l’excuse. Le gouvernement pointe du doigt la crise sanitaire, comme un enfant qui blame la pluie pour expliquer son retard à l’école. Certes, le Covid a joué un rôle, mais il n’explique pas tout. Il ne justifie pas l’inertie de nos politiques économiques, ni cette fuite en avant sans solution tangible. Les faits sont là : notre pays est devenu un mauvais élève de la zone euro. Et qui peut blâmer les investisseurs de commencer à nous tourner le dos ? Le fameux « spread » entre le taux d’emprunt français et allemand à 10 ans s’accroît, et cela ne va pas s’arranger. Le taux allemand est stable, c’est le français qui file droit vers le mur.
Il est fascinant de constater la dynamique d’écartement des taux, comme le souligne Florian Allain, gérant de portefeuilles. Un constat froid, mais tellement juste. L’Allemagne reste immobile, alors que la France dérape. On pourrait même voir cela comme une métaphore : l’Europe avance, et la France, lestée par ses propres erreurs, reste à la traîne.
Et maintenant ? Ne plus attendre, agir.
Nous sommes à la croisée des chemins. Ce 9 octobre, le gouvernement Barnier va présenter son projet de budget pour 2025. Mais au-delà des chiffres et des promesses de coupes, c’est un changement radical de mentalité qu’il nous faut. Cessons de nous reposer sur des solutions temporaires. La dette ne se réglera pas avec des petites mesures ici et là. Elle demande une révolution économique, une refonte totale de notre approche de la dépense publique et de l’investissement.
Nous devons avoir le courage de reconnaître que la croissance infinie n’est plus une option viable dans un monde où les ressources se raréfient et où la durabilité devient un impératif. Les modèles économiques des années passées ne fonctionnent plus. Il est temps de faire preuve d’audace, de s’affranchir des dogmes et de reconstruire une économie plus juste, plus efficace, et surtout plus responsable.
L’avenir de la France ne dépend pas de nouvelles taxes ou de simples coupes dans les budgets. Il repose sur notre capacité à imaginer autre chose. Nous n’avons plus le choix.