Beetlejuice : le fantôme fait son grand retour
Le cinéma adore la nostalgie, et quoi de mieux que de ressusciter l’un des personnages les plus emblématiques des années 80 ? « Beetlejuice Beetlejuice », avec un Michael Keaton toujours aussi farceur et extravagant, a raflé la première place du box-office. Plus de 630 000 spectateurs se sont précipités dans les salles pour retrouver ce bio-exorciste loufoque, 36 ans après ses premières facéties. Un chiffre impressionnant, mais pas si surprenant. Avec l’engouement pour les reboots et les suites, le succès était prévisible.
Mais ce qui choque, c’est à quel point ce film, censé être une simple comédie d’horreur, a éclipsé des œuvres plus sérieuses. Alors que les blockbusters sont souvent synonymes de pyrotechnie et de super-héros, Burton montre ici que l’humour absurde et le gothique ont encore leur place. La France adore ses revenants, et Beetlejuice en est la preuve vivante (ou presque).
Inoxtag : le youtubeur conquiert l’Everest du box-office
Et là, on tombe sur le deuxième choc de la semaine : Inoxtag, star de YouTube, a attiré plus de 311 000 spectateurs dans les salles avec son documentaire « Kaizen ». Une ascension fulgurante, tout comme celle qu’il documente dans son film, où il relate une année de préparation pour gravir l’Everest. Sur papier, ce genre de film aurait pu passer inaperçu, sauf que… Inoxtag ne fait jamais les choses à moitié.
Ce qui rend son succès fascinant, c’est l’alliance entre la puissance des réseaux sociaux et l’authenticité de son projet. 25,7 millions de vues sur YouTube, c’est énorme, mais le fait que tant de gens se soient déplacés en salles pour voir un documentaire montre une vraie soif de récits humains et inspirants. Là où Hollywood mise sur les effets spéciaux, Inoxtag mise sur la sincérité. Et ça fonctionne. C’est presque un pied de nez aux productions traditionnelles, une preuve que le public veut du vrai, du concret. Plus de paillettes, juste de la sueur et des larmes.
Monte-Cristo et Emilia Perez : le duel des outsiders
Dans un coin plus classique du box-office, Le Comte de Monte-Cristo, avec un Pierre Niney vengeur, continue d’afficher une belle longévité. Douze semaines d’exploitation, 8 millions d’entrées, et le film ne montre aucun signe de ralentissement. Une œuvre historique, épique, qui semble traverser le temps avec autant de grâce que son personnage principal traverse les épreuves. Mais malgré ses chiffres impressionnants, Monte-Cristo ne peut plus ignorer la menace d’Inoxtag, qui le talonne dangereusement. On pourrait presque y voir une analogie : un noble du cinéma, affrontant un jeune prétendant audacieux venu des terres digitales.
Et puis, il y a Emilia Perez, la comédie musicale transgenre de Jacques Audiard. En quatrième position, le film n’a pas encore atteint le million d’entrées, mais il possède toutes les qualités d’un futur succès. Il y a un message social fort derrière cette œuvre, une ouverture d’esprit bienvenue dans un paysage cinématographique parfois trop uniforme. Comme si Audiard voulait secouer un peu le cadre bien établi du box-office français. Ce film, audacieux et novateur, pourrait bien devenir un incontournable des festivals, avec un Oscar en ligne de mire.
Quand le cinéma français ose
Ce qui est fascinant dans cette situation, c’est la diversité des œuvres qui dominent le box-office. On passe d’une comédie horrifique gothique à un documentaire brut sur l’alpinisme, en passant par des récits de vengeance et des comédies musicales engagées. Le public français ne se contente plus d’un seul type de film, il veut de la diversité, de l’audace, des émotions vraies. Que ce soit Beetlejuice qui nous fait rire avec ses pitreries macabres ou Inoxtag qui nous inspire avec son courage, le cinéma prouve qu’il peut encore surprendre.
Et à ceux qui pensent que le cinéma est en train de mourir sous le poids des plateformes de streaming, je dis : regardez ces chiffres. Des millions de personnes sont prêtes à se déplacer pour vivre des émotions en grand, sur un écran. Parce que rien ne remplace cette magie collective de la salle obscure, où pendant deux heures, on oublie tout, on vit intensément, et on rêve en grand. Le cinéma est plus vivant que jamais.